Dans la liste des règles de bienséance et de manières à table, l’interdiction de poser les coudes sur la table pendant le repas est sans doute l’une des plus communes et universelles. Pourtant, son origine et sa signification sont souvent méconnues. Cet article se propose de vous éclairer sur le sujet. Il s’appuie sur des sources variées, incluant des informations recueillies sur Cairn.info, des travaux de presses universitaires, et des ouvrages d’histoire. Accompagnez-nous dans ce voyage à travers les siècles, des tables du Moyen-Âge jusqu’aux restaurants gastronomiques d’aujourd’hui.
Les tables du Moyen-Âge : l’origine de l’interdiction
Le Moyen-Âge est une période d’une richesse insoupçonnée en matière de coutumes et de manières à table. Les convives se réunissaient autour de grandes tablées, où le respect des règles de bonne conduite était essentiel pour maintenir l’harmonie du repas.
L’une de ces règles était celle de ne pas poser les coudes sur la table. Cette interdiction trouve son origine dans des raisons pratiques. En effet, les tables médiévales étaient souvent des planches de bois posées sur des tréteaux, sans grande stabilité. Poser ses coudes sur la table risquait donc de la faire basculer, renversant ainsi plats, verres de vin et assiettes.
De plus, le couteau et la fourchette étaient des couverts de grande valeur, réservés aux plus fortunés. Le reste des convives devait manger avec ses mains. Ainsi, poser les coudes sur la table était perçu comme un manque de respect envers ces précieux couverts et ceux qui pouvaient se permettre de les posséder.
L’influence de Louis XIV : la codification des manières
Passons maintenant au XVIIe siècle, sous le règne du roi Louis XIV. Connu pour son amour du faste et de la grandeur, le monarque a largement contribué à la codification des manières à table.
C’est à cette époque que l’interdiction de poser les coudes sur la table devient une règle de bienséance. Louis XIV, soucieux de maintenir un certain ordre et une certaine discipline à sa cour, insiste sur l’importance des bonnes manières. Cela inclut la manière de tenir ses couverts, le couteau dans la main droite et la fourchette dans la main gauche, et de ne jamais poser les coudes sur la table.
Cette règle, ainsi que d’autres, est ensuite reprise et diffusée dans les manuels de savoir-vivre, contribuant à son ancrage dans les mœurs.
L’ère moderne : l’adaptation des règles aux nouvelles réalités
Si la règle des coudes hors de la table a survécu à travers les siècles, elle a aussi été adaptée aux réalités de chaque époque. Aujourd’hui, dans un restaurant gastronomique, il serait inconcevable de voir un convive avec les coudes sur la table. Cependant, dans le cadre plus informel d’un repas en famille, cette règle peut être assouplie.
C’est la maîtresse de maison qui définit les règles, et c’est à elle de juger si elle tolère ou non les coudes sur la table. Par respect pour ses hôtes et pour le soin qu’elle a mis à préparer le repas, il est de bon ton de respecter ses consignes.
Notons également qu’au cours du repas, il est de rigueur de tenir la serviette de table dans son giron, et non pas autour du cou comme au Moyen-Âge. De même, le couteau à poisson, autrefois inconnu, fait aujourd’hui partie des couverts indispensables pour un repas raffiné.
En guise de digestif : l’importance de la bonne conduite à table
Malgré les changements à travers les siècles, la bonne conduite à table reste un aspect fondamental de notre sociabilité. Que ce soit pour un repas d’affaires ou en famille, le respect des règles de bienséance témoigne de notre respect envers nos convives. Et même si les coudes à table ne risquent plus de renverser la table, cette règle reste un symbole de notre engagement à maintenir une atmosphère conviviale et respectueuse durant le repas.
En somme, l’interdiction de poser les coudes sur la table, bien qu’elle ait évolué avec le temps, reste une règle centrale des arts de la table. Elle n’est pas qu’une simple règle de politesse, mais une marque de respect envers ceux avec qui nous partageons nos repas. Alors, la prochaine fois que vous vous attablerez pour un repas, souvenez-vous : les coudes, c’est hors de la table !
